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DiSQUES

CHRONiQUES MUSiCALES

AUtRES

L'absence souvent nous
révèle nos amours...

Marcel Pagnol
Marius/Fanny/César (1929-1931-1946)



CESARIOT. - Et toi, tu l'aimais aussi ?
FANNY. - Si je ne l'avais pas aimé, tu ne serais pas là pour me le reprocher.
CESARIOT. - Alors, si vous vous aimiez tant que ça, pourquoi t'a-t-il quittée ?
FANNY. - Il avait la folie de la mer. Il voulait naviguer... C'était une maladie.

Et là, Césariot devrait répondre : "c'est complètement débile comme raison !", avec l'accent, quand bien même il l'aurait perdu à Paris, ce con.

Vouei !

La trilogie marseillaise, c'est rigolo mais ce n'est pas crédible. Disons que les éléments dramatiques prêtent à rire étant donné le contexte marseillais (donc drôle) et la relative absurdité desdits éléments. Marius aime Fanny mais la quitte parce qu'il veut devenir marin. Qui peut croire un truc pareil ?
Bref, la trilogie est composée ainsi : "Marius" est une pièce autonome. C'est la plus marseillaise des trois, la plus nostalgique, la plus connue et c'est un drame, disons une comédie dramatique. "Fanny" est une "oeuvre de commande" parce qu'il fallait bien que Marius revienne emmerder son monde. Quant à "César", c'était l'occasion d'en finir et de donner aux gens ce qu'ils attendaient depuis le tout début. Cette dernière pièce a originellement été écrite pour le ciné où les autres étaient avant tout du théâtre.

Dans cette trilogie, il y a tout d'abord le plaisir de retrouver un pays - caricatural certes - mais tout de même, c'est le mien. Et il est d'autant plus à moi, ce pays, que je n'y suis plus. Pagnol l'écrit lui-même en en-tête de "Marius" : "L'absence souvent nous révèle nos amours" et ce n'est qu'après quatre ans de vie parisienne qu'il fit cette découverte. Moi je l'ai compris en quatre minutes, dans le cinquième arrondissement, quand il faisait froid et qu'il pleuvait. On y retrouve ainsi une mise en situation typiquement provençale (jeu de boules, terrasse de bistrot, parties de cartes, fainéantise, mensonges, tricheries, petites colères, insultes, blagounettes) et des mots en phonétique pour attraper l'assent (si vous ne l'avez pas d'origine, évidemment) tels fériboite, opion, Rochilde et j'en passe.

Et dans ces pièces, tout ce qui est drôle est drôle, disons attachant. D'ailleurs, les scènes restées célèbres sont toutes comiques : les quatre tiers, la partie de cartes, le bateau qui chavire, le pavé sous le chapeau, les films et Raimu aidant. Demandez donc au premier étranger venu et il vous dira "Ayayaïe ! Tu me fends le coeur" et pourtant, ma foi, il n'a jamais lu la pièce. Vous savez que c'est une de mes lubies que de lire ce que tout le monde connaît mais que jamais personne n'a lu. Et j'ai la lubie tenace.

Après, pour le reste, je suis davantage dubitatif.

 

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LA CHRONiQUE D'UN AUtRE BOUQUiN _____________________________________________________________________________

La Rose Tatouée
Tennessee Williams

 

...culpabilité, mensonge, dissimulation… …