Molière
Dom
Juan (1665)
Molière n'est pas mon auteur
préféré.
Loin de là. Parfois, il
m'arrive de m'endormir au milieu
de la lecture d'une de ses pièces.
Mais il est bien difficile de
me reprocher de bâiller
devant du Molière quand
on sait le nombre de gens qui
bâillent aux Corneille (ahah).
"Dom Juan" est (peut-être)
ce que Molière a écrit
de mieux.
J'avancerai une seule raison à
cela : "Dom Juan" n'est
pas du Molière tel qu'on
l'entend habituellement. Il n'y
a pas cette satire gentillette
de la bourgeoisie du XVIIème
avec un père de famille
crédule. "Le bourgeois
gentilhomme", "Tartuffe"
et "Scapin", ça
me mettrait presque hors de moi
si j'étais hystérique.
"Dom Juan", c'est une
satire d'autre chose. Du libertinage,
entre autres. Don Juan est un
anti-conformiste. S'il vivait
au XXIème siècle,
il écouterait du heavy
metal. Comme il vit au XVIIème,
il se contente de railler la religion
et de mépriser le mariage.
Que le diable l'emporte !
Don Juan est un éternel
séducteur. Don Juan est
un hypocrite (ce qui revient au
même). D'ailleurs, chronologiquement,
"Dom Juan" se situe
entre "Le Tartuffe"
et "Le Misanthrope"
qui reprennent la thématique
de l'hypocrisie.
Don Juan est un conquérant
totalement indépendant,
athée et égoïste,
accompagné d'un valet (faire-valoir
comique) nommé Sganarelle,
personnage récurrent chez
Molière.
Ce qui est le plus appréciable,
dans "Dom Juan", c'est
que la pièce en elle-même
est non-conformiste. Molière
pioche dans le théâtre
baroque et dans le classique pour
construire une pièce...
mal construite. Les actes semblent
se suivre sans une réelle
logique.
De plus, "Dom Juan"
mélange les genres (c'est
une comédie tragique, comme
le sera le "Don
Juan" de
Montherlant) et l'unité
d'action n'est absolument pas
respectée. Des personnages
apparaissent dans une scène
pour ne jamais revenir. Il doit
exister autant d'intrigue qu'il
y a de personnages.
"Dom Juan" est donc
(peut-être) ce que Molière
a écrit de mieux.
La citation :
"Sganarelle - Il y avait
un homme qui, depuis six jours,
était à l'agonie;
on ne savait plus que lui ordonner,
et tous les remèdes ne
faisaient rien; on s'avisa à
la fin de lui donner de l'émétique.
Don Juan - Il réchappa,
n'est-ce pas ?
Sganarelle - Non, il mourut.
Don Juan - L'effet est admirable."
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LA
CHRONiQUE D'UN AUtRE
BOUQUiN
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Un
Roi Sans Divertissement
Jean
Giono
...c'est
un homme plein
de misères…
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