Ce
disque est celui qui marquait
la fin de la longue retraite
de Miles Davis.
Durant plus de cinq années,
les vautours de sa major, véritables
rapaces avides de blé,
avaient balancé aux pauvres
fans en manque, quelques fonds
de tiroirs... parfois très
au fond.
Et à l'écoute
de cet album on avait été
déçu par le manque
de pertinence de l'oeuvre.
Qu'y
trouve-t-on ?
Un
"Shout" assez commercial,
du moins sans nouveauté
et très étonnant
de la part d'un découvreur
tel que Miles Davis. Certes,
son jeu a retrouvé sa
belle sonorité d'antant
mais ce "Shout" est
dans la lignée d'un Herb
Alpert (une espèce de
souffleur américain pour
Casinos de Las Vegas).
"Fat time" est une
simple remise à jour
de thèmes créés
une dizaine d'années
auparavant.
Idem pour "Aïda"
et "Back seat Betty"
qui sont de corrects morceaux
mais sans plus. En outre, les
envolées solistes des
petits nouveaux de l'époque
aux guitares, Mike Stern (sur
"Fat time") et Barry
Finnerty (sur "Aïda")
sont tout à faits quelconques
et très dans les stéréotypes
des gratteurs de rock.
Il y a bien une chanson (une
chanson, diantre !) sans grand
intérêt sinon celui
de penser que pendant sa retraite
forcée, Miles Davis avait
beaucoup écouté
de funk, voire de disco ! Et
pour faire bonne mesure, il
inclut maintenant des synthés
dans son accompagnement.
Il reste malgré tout
la découverte d'un certain
Bill Evans au soprano, très
bon soliste dans la lignée
de Wayne Shorter parti alors
au sein du Weather Report de
Joe Zawinul.
Aujourd'hui, débarrassé
de contingences temporelles,
cet album n'est pas un essentiel
de l'oeuvre immense de l'artiste
et quelques titres demeurent
très dispensables même
si l'on se plaît encore
à l'écouter, ne
serait-ce que pour la sonorité
de son phrasé magique.