Anton Tchekhov
Les
Trois Soeurs (1901)
Il
existe chez Tchekhov - comme chez
beaucoup beaucoup beaucoup d'autres
- un leitmotiv qui va se retrouver
dans toutes ses oeuvres (ou presque).
On peut crier au génie
- ou crier Eugénie, éventuellement,
si vous en connaissez une - mais
le fait est que tous ces génies
ont simplement décliné
leurs obsessions sous toutes les
formes. Kawabata, Montherlant,
Nietschze, c'est exactement ça.
Ce n'est pas mal, c'est juste
un fait que vous jugerez comme
il vous plaira. Moi je suis pour
car j'aime retrouver l'auteur
dans son oeuvre. Comme je l'ai
déjà écrit
plusieurs fois, une part du talent,
c'est aussi de savoir dire toujours
la même chose sans jamais
se répéter.
Chez Antoine Tchékof, les
personnages sont négatifs
(comme la température).
Ce sont de riches provinciaux
cultivés et pessimistes.
Les personnages de comédies
sont simplement ravagés,
ceux de tragédies se suicident.
Il s'agit d'une sorte de constante.
Tous sont écrasés
sous leur passé et les
pièces sont faites de rien.
J'entends par là qu'il
ne passe rien car le théâtre
de Tchekhov ne nécessite
aucune histoire. Ici, trois soeurs
accueillent chez elles des amis
militaires. Elles souhaitent retourner
à Moscou. Il y a un incendie
durant l'acte II. Je ne sais vraiment
pas quoi vous dire de plus. "Les
trois soeurs", c'est la vie
gâchée, l'attente
d'un avenir incertain, la fin
de quelque chose. Et tout ceci
se manifeste dans l'absence d'action.
C'est ce côté tragique
du quotidien qui fait que d'aucuns
(dont j'ignore les noms) comparent
Tchekhov à Maupassant.
PS : Ce que j'aime aussi, chez
Tchekhov, ce sont les noms des
personnages (ceci se retrouve
évidemment chez tous les
auteurs russes). Ils sont présentés
avec leur nom complet : André
Serguéevitch Prozorov pour
l'homme (soit prénom, second
prénom (nom patronymique,
ici fils de Sergei comme Ivanovitch
est le fils d'Ivan) et enfin le
nom de famille) et Olga Sergéevna
pour une femme. Seulement, dans
la pièce, ils ont souvent
des surnoms affectifs. André
est Andrioucha, Irina est Irinouchka,
un nouvel acte présente
une Natalia qui est la Natacha
du départ, Maria qui arrive
comme un cheveu sur la soupe après
quarante pages n'est autre que
Macha et Olga est aussi Olia ou
Oliouchka. Dès qu'on comprend
que le "ch" est lié
à l'affectif, tout s'arrange.
Et puis vous saurez à présent
que si vous appelez votre fille
Natacha, c'est un peu comme si
un russe appelait son fils Mathiouninet.
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LA
CRitiQUE D'UNE AUtRE
PièCE DE tHéâtRE
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Hedda
Gabler
Henrik
lbsen
...
À quoi
sert le pouvoir,
si ce n'est
à en
abuser? ...
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