ACCUEiL

DiSQUES

CHRONiQUES MUSiCALEs

autres

Une belle journée

La Montagne
sous-titré : allumez le feu !


Plusieurs fois par an, il m'arrive de me rendre dans un trou perdu de la France profonde. Soit un vieux hameau aux maisons de pierres accrochées à la montagne ; un lieu loin de tout et sûrement au milieu de nulle part. La vue y est imprenable tellement que jamais personne n'a réussi à la prendre et les nuits sont fraîches.

Debout dans mon antique short bleu que je remonte toutes les dix minutes comme un tic, les mains sur les hanches, tourné vers un horizon de granit, ou bien, enfui dans mon gros anorak, je me demande ce que je fais là. J'ai le nez qui coule, le cheveu qui frémit sous la brise légère, le regard absent, le moral au fond de la rivière et l'humour dans les chaussettes sous le flot montant des conneries estivales de mes voisins imbéciles ou les radotages automnaux de mon beau-père jamais repu.

C'est un hameau perdu sous les étoiles avec des joies simples de montagne et des balades toujours recommencées en circuit fermé.

L'été, vers quinze heures chauffantes, des cons définitifs brûlent au troisième degré avec d'infimes précautions, se fendent et se cloquent sur la pierre de la rivière dans l'espoir vain de donner à leur peau la couleur grillée des merguez des fêtes populaires. Parfois des enfants de crétins délocalisés viennent hurler dans les ruelles granitiques et froides.

Quand les feuilles d'un sinistre automne tourbillonnent au vent mauvais, seuls quelques sangliers courageux et affamés osent encore s'approcher du hameau, lieu assez cafardeux où je traîne mon ennui dans le seul but sympathique de faire plaisir à celle qui m'accompagne - ou plutôt qu'en la circonstance, j'accompagne...

Là-haut donc, pas du tout transcendé par l'aspect champêtre du lieu, encore moins enclin à des débordements rustiques et vite lassé d'arpenter la montagne abrupte en quête d'hypothétiques champignons ou de me piquer à ces saloperies de bogues, j’essaie d'avancer tant bien que mal. Arrivé en haut d’un bloc de granit qui surplombe la rivière après avoir traversé longuement un sous-bois de châtaigniers, j’entends à découvert une voix d’un homme qui hurlait plus qu’il ne chantait :

- Allumeeeeeeeez le feu, aaaaaaaaaaallumez le feeeeeeeeeeeeu !

Puis :

- Aaaaaaah !

Le bougre venait de se casser la jambe en chutant sur les pierres du sentier. Il dût attendre une bonne heure que les pompiers puissent l’emmener à l’hôpital le plus proche.

Ce fut somme toute la plus belle de mes journées passées dans ces hauteurs hostiles.

_____________________________________________________________________________

un autre grand moment
de la vie montagnarde

_____________________________________________________________________________

Le black-metalleux ne craint pas de
sortir de sa zone de confort!

Voici le chanteur du groupe Diabolik Kiche en train de se mettre en condition avant de tenter l’escalade mains nus et en t-shirt du Mont Gerbier de Jonc en plein mois de janvier.